• D-Prime

     

     
     
     
     

     

     

                 

    Vous r'prendrez bien un peu d'déprime ?

     

     

     

    Et voilà qu'en plein mardi soir la déprime me (re)tombe dessus. Elle essaie pas mal de se ramener, de se taper l'incruste, en ce moment, c'te connasse. Mais non, toi, j't'invite pas chez moi !

     

    J'l'avais sentie venir, déjà ce matin. J'ai été réveillée par une meuf que j'connais pas qui est rentrée dans ma piaule et m'a dit « merci au revoir » avec un grand sourire, limite elle a voulu me faire la bise, elle avait l'air du style chéper-au-naturel, j'ai rien compris, j'ai marmonné : « de rien », comme quoi je suis bien urbaine... matinée passée en speed, et puis je me pointe au 22 pour savoir de quoi il s'agit, y'avait rendez-vous à 13h, on m'explique qu'il va y avoir une action à la pref. Ça me dit bien de venir, mais je sais pas, l'ambiance, les gen-te-s, ça m'oppresse et ça m'énerve. Et puis y'a une pote qui me saoûle sur un truc précis (et plus tard on se tape une vieille phase embrouille-agression par texto, youhouu, j'adore ça, l'archétype de l'anti-communication).

    Depuis le rendu du procès, j'ai l'impression d'assister à l'agonie d'un gros poisson tout juste pêché, il est hors de l'eau, il étouffe, il sait qu'il va mourir, mais il lutte jusqu'au bout de toutes ses forces. C'est beau et pathétique à la fois, puissant et inutile, ou presque. Au mieux ça fait juste un peu chier le pêcheur, qui attend que l'animal se débatte et s'éteigne, ou alors qui va l'achever rapidos parce qu'il n'a pas le temps, il a faim, ou alors ça l'amuse, juste. Le pêcheur, comme le proprio, est sadique et ne fait ni dans le sentiment, ni dans la solidarité. Mots inconnus au bataillon.

    Enfin bon, tout ça pour dire que de toute façon, ça va encore être une histoire de lieu trop classe qui avait des potentialités de ouf, et qui accueillait plein de monde en galère, mais qui va avoir une durée de vie aussi courte que celle d'un toxico qui traverserait un carrefour à l'heure de pointe en pleine montée d'hero. Je sais pas pourquoi ce type de comparaison me viennent en tête. En fait, je suis envahie d'images glauques quand je pense à l'absurdité de la situation. Ce lieu ne sert pas depuis des années et bim, d'un coup, un projet urgent jaillit de n'importe où, politique oblige, on veut pas que de sales squatteureus-e-s/étranger-e-s/anarchistes ou militant-e-s de tout poils/punks/freaks s'organisent et créent de la vie hors du système marchand régi par la Sainte Thune. J'ai presque envie que l'expulsion arrive vite, que ça soit fini, qu'on assiste pas plus longtemps aux derniers soubresauts de la bête affaiblie, bien qu'enragée.

    Et puis j'ai l'impression que du coup, ce squat est devenu la préoccupation number one des habitant-e-s, avant même leur individualité à elleux. Défendre un lieu avant de prendre soin de soi ? Je sais bien que pour la plupart, perdre le lieu signifie retourner dans la galère, les plans B au mieux, la rue au pire.

    Mais le lieu va être perdu, de toute façon. Je ne prétend pas qu'il ne faut pas se battre, j'aimerais bien que les gen-te-s assument leur futur, c'est-à-dire s'organisent pour elleux, pour leur bien, et surtout, RESPIRENT. Il me semble pas que ça respire beaucoup là-dedans. Ça sent le renfermé, c'est même quasi-morbide.

    J'espère qu'on me comprend bien, et si c'est pas le cas, je suis ouverte aux discussions, comme souvent (t'as vu, j'ai pas dit toujours). J'arrive pas à m'exprimer très clairement sur le sujet, je crois, c'est trop tendu, trop actuel...

     

    Bon voilà, y'a ça qui me file le cafard, déjà que ce squat se fasse virer, et puis de voir que les potes vont mal, du coup (norrmal). Et puis m'embrouiller avec. J'ai pas envie de m'embrouiller avec des personnes que j'aime. J'ai pas le temps. Et puis j'aime déjà pas grand-monde. A vrai dire, j'aime vraiment pas grand-monde, et même de moins en moins. Ce qui en vient à un autre point qui me fait déprimer : l'isolement. J'me sens super isolée, parce que les gen-t-es m'énervent, voire m'insupportent, ou m'indifférent, ou m'inspirent du mépris. Les autres, qui sont peu nombreux-ses, n'ont pas l'air de m'accorder forcément grand crédit, parce que on me contacte quasiment jamais pour quoi que ce soit, et quand je suis en soirée, on vient pas souvent me voir spontanément. De fait, c'est totalement blackmetal dans ma tête. J'ai l'impression de demander beaucoup trop, d'être une sorte de peste qui se prend pour le centre du monde, alors que dans ma tête c'est juste : « youhouu, j'demande juste un peu d'attention, un peu d'amitié, comme si j'existais, t'sais, genre, viens on va boire une grenadine, viens on va au ciné, viens on va faire une action trop chouette top secrète juste tou-te-s les deux (ou trois, ou plus, mais pas trop hein) et on s'la pétera pas comme des bollos après, on dira rien à personne ça sera notre mystère à nous, viens on va faire des câlins scandaleux, viens on est des oufs on refait le monde ».

    J'dois être exigeante, ou trop chiante, ou trop renfermée, ou trop pas bien pour mes potes. J'ai de moins en moins de potes, je crois, à Toulouse en tout cas. J'ai besoin de me renouveller, j'me sens blasée. Ptét' que ça va l'faire avec mes voisines du tiéquar...

     

    Aujourd'hui y'a un mec dans la rue qui m'a dit que j'étais belle. Il a dû croire que j'étais une pute, j'étais assise dans la rue (des putes) en train de me maquiller. Je l'ai pas cru, ça m'a donné envie de pleurer, un peu.

     

    J'ai hyper envie de faire des câlins, en fait. J'parle pas de sexe, ou quoi. Juste faire des câlins avec les keupin-e-s comme ça, ou même faire des câlins dans un lit ou aileurs, mais que ça reste des câlins. A la coule. Mais pas avec n'importe qui, c'est ça le problème. J'suis une bisounours éléctrifiée. C'est comme si j'étais pleine d'amour, mais avec une myriade de clous autour, alors personne veut s'approcher (non mais norrmal t'as vu tout tes pierciiiiings!)

    Psss, j'dis n'importe quoi...

     

    Et puis -censure familiale-, ma grand-mère est en train de crever, et j'aimerais bien pouvoir faire des choses utiles pour elles (l'aider pour la première, l'achever pour la seconde). Je me sens tellement impuissante sur plein de trucs, j'ai envie de sortir et de casser la tête au premier relou que je croise (ça va être vite fait, d'en croiser un, pas de lui péter la tête).

     

    Je me suis mise à faire des pompes. On rigole pas.

    J'ai hâte de récupérer mes affaires de jogging pour aller courir à nouveau. Je suis en manque de sport, grave.

     

    Sur ce, à écrire ce texte, j'ai rigolé en me foutant de ma gueule, et bin, l'autodérision, ça fait du bien, quand même.

    Dès qu'on s'intéresse un peu à ce qui se passe dans la vie en dehors de sa petite personne, bin on a plus envie de se plaindre sur ses petits problèmes de merde (ça marche pas trop bien hein de raisonner comme ça, pour ma part, mais j'essaie!).

     

    La déprime ? Demain, j'arrête !

     

    Kanarrr-caustique, fête pour dormir

     

     

     

     

     

     

     

    Note: effectivement, je poste ce truc le lendemain, et je vais bien. C'est beau l'auto-persuasion. Et puis, je suis passée au squat tout à l'heure, c'était pas morbide. Juste quasiment entièrement vidé (comme un poisson qu'on va manger, ouais).

    Des fois j'me dit que j'suis grave, quand même.

     

     
     
     
     

  • Commentaires

    1
    Samedi 6 Octobre 2012 à 20:39

    Moi je comprends très bien, cetteh istoire d'individualités, des gens qui sont trop à fond, qu'ont le temps de rien et qui s'embrouillent, et moi aussi, ça m'étouffe un peu, en mode tu veux faire quoi pour le mouvement à part juste être là et essayer de ramasser les morceaux des gens quand ils sont vraiment trop crevés ?

    D'un autre côté, il y a des trucs cools qui se créent, des endroits qui ouvrent, de l'énergie vivante qui fait du bien à voir (cf hier soir, l'intervention d'urgence du crew CREA rue des pyrénées, ça servait pas à grand-chose mais c'était beau de voir quarante personnes rappliquer en deux secondes par solidarité !

    <3 (et cette aprèm on avait trop la classe !)

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